

Le 19 août 2025 restera une date importante pour la Coalition EPT BAFASHEBIGE. Ce jour-là, nous avons accueilli avec honneur Omar Moctar, Conseiller régional MEL WCA, ainsi que Natacha Umutoni, Regional Grantee Communications Advisor. Cette visite s’inscrit dans une démarche de renforcement des partenariats et de partage d’expériences pour l’amélioration du système éducatif burundais.
Le mot d’accueil a été prononcé par Maître Jean Samandari, président et représentant légal de la coalition. Il a notamment évoqué l’historique de la BAFASHEBIGE, soulignant sa création en 2004, son enregistrement officiel en 2009, et ses objectifs fondamentaux : promouvoir une éducation inclusive et de qualité pour tous. La coalition rassemble aujourd’hui 30 organisations, avec des antennes dans toutes les provinces du Burundi, pour un impact national.
Maître Jean Samandari a rappelé que la coalition fonctionne selon une gouvernance transparente, avec un comité exécutif, un conseil de surveillance, et une assemblée générale qui se réunit deux fois par an. Elle s’appuie aussi sur divers outils de gestion, notamment un site web interactif, des comptes sur les réseaux sociaux, et un plan stratégique quinquennal. Ces structures permettent d’assurer une gestion efficace et participative.
Depuis sa création, la coalition joue un rôle clé dans le suivi des engagements des bailleurs et du gouvernement en matière d’éducation. Elle sert également de plateforme de réflexion, de plaidoyer et de mobilisation pour faire avancer une éducation équitable, inclusive et de qualité. Son objectif principal est de renforcer la société civile burundaise dans ses actions pour un système éducatif plus juste.
Les valeurs fondamentales qui guident la coalition sont l’intégrité, la transparence, l’excellence, l’objectivité et la redevabilité. Ces principes assurent la crédibilité de ses actions et la confiance de ses partenaires, y compris des institutions comme le ministère de l’Éducation ou la communauté internationale. La coalition s’efforce ainsi de rester un acteur fiable et influent dans le secteur éducatif.
Au cours de cette rencontre, Maître Jean Samandari a également présenté le contexte opérationnel et les défis liés à la réorganisation du pays en cinq régions. Ce changement, adopté en 2023, vise à améliorer la gouvernance et la planification territoriale, mais soulève aussi des risques pour l’équité, notamment la centralisation des décisions et l’inégalité intra-provinciale. La coalition doit s’adapter pour continuer à défendre l’inclusion dans ce nouveau cadre.
De son côté, Omar Moctar, conseiller régional MEL, a expliqué que la visite s’inscrit dans le cadre du programme « Education Out Loud » (EOL), financé par le Partenariat Mondial pour l’Éducation. La visite a pour objectif principal d’établir et de renforcer les relations entre le partenaire, BAFASHEBIGE, et l’équipe RMU WCA, afin de favoriser une collaboration efficace. Elle vise également à permettre aux conseillers de se familiariser avec le groupe d’intérêt du partenaire, ainsi qu’avec le contexte éducatif et l’espace civique du Burundi. Cette démarche leur permettra d’avoir une compréhension approfondie des enjeux locaux et d’adapter leurs interventions de manière pertinente.
Un autre objectif clé est de vérifier et d’évaluer les principales réalisations du projet, en tirant des enseignements pour améliorer la mise en œuvre future. La visite permettra aussi d’identifier des opportunités de synergie avec d’autres partenaires de subventions EOL, en explorant des possibilités de collaboration dans les composantes opérationnelles. Enfin, elle servira à assurer le suivi des recommandations issues de la dernière mission ainsi que du plan d’action de diligence raisonnable, pour garantir la cohérence et l’efficacité des actions entreprises.
Durant ces trois journées à BAFASHEBIGE, Omar Moctar et Natacha Umutoni échangeront avec les membres du conseil d’administration et le personnel de l’organisation. Les discussions porteront sur la mise en œuvre du projet, le renforcement des capacités organisationnelles, la collaboration avec les parties prenantes locales, et la création de synergies avec d’autres acteurs. L’objectif est d’assurer un suivi efficace, d’identifier de nouvelles opportunités de partenariat, et de consolider les progrès réalisés dans le cadre de cette initiative.
Madame Kandondo Dénise, la Coordinatrice du projet NDINKABANDI III de la Coalition EPT BAFASHEBIGE, a partagé une analyse détaillée du contexte opérationnel et éducatif du Burundi, en insistant sur la densité de la population et la structure démographique. Elle a souligné que plus de la moitié des Burundais ont moins de 25 ans, ce qui exerce une pression considérable sur le système éducatif. Elle a évoqué les défis majeurs liés à l’accès, au maintien, à l’inclusion et à la qualité de l’éducation, notamment le faible taux d’achèvement du fondamental, la forte proportion d’enfants hors de l’école, et les disparités pour les groupes marginalisés comme les enfants en situation de handicap, les filles, ou encore les enfants issus des minorités ethniques telles que les Batwa. Elle a également insisté sur la nécessité d’améliorer le cadre législatif et de renforcer la contribution de la société civile dans le secteur.
Elle a ensuite abordé la question de l’espace civique et de la participation de la société civile dans le dialogue national sur l’éducation. Dénise a expliqué que, malgré un cadre institutionnel formel comprenant le Ministère de l’Éducation et des forums thématiques, l’espace civique reste limité, souvent consultatif plutôt que décisionnel. Elle a évoqué la forte mobilisation des OSC, notamment la Coalition EPT BAFASHEBIGE, qui a su établir un partenariat officiel avec le gouvernement pour influencer les politiques éducatives. Selon elle, ces organisations jouent un rôle clé dans le suivi citoyen, la sensibilisation et la plaidoirie pour une éducation plus inclusive, même si leurs capacités techniques et financières restent encore limitées.
En partageant la situation spécifique des groupes vulnérables, Dénise a mis en lumière les défis rencontrés par les enfants marginalisés, comme ceux issus des minorités ethniques (Batwa) ou vivant avec un handicap. Elle a décrit les efforts en cours, notamment le programme « Twige Twese » lancé en 2025, visant à réhabiliter des classes inclusives et à réintégrer des enfants exclus ou marginalisés. Cependant, elle a souligné que des obstacles persistants, tels que le manque de ressources, la discrimination sociale, les infrastructures inadéquates, et les barrières linguistiques, freinent la pleine inclusion de ces groupes dans le système éducatif. Elle a insisté sur la nécessité de poursuivre les réformes pour garantir un accès équitable et de qualité pour tous les enfants, en particulier ceux issus des minorités et en situation de handicap.
En conclusion, cette rencontre témoigne de l’engagement commun pour une éducation burundaise plus inclusive, équitable et de qualité. La coalition EPT BAFASHEBIGE continue d’être un acteur stratégique, mobilisant ses partenaires et ses ressources pour relever les défis et saisir les opportunités offertes par la nouvelle configuration territoriale du pays. Ensemble, nous œuvrons pour un avenir meilleur pour tous les enfants burundais.