Ce 25 Septembre 2020 à Martha Hôtel, la Coalition EPT BAFASHEBIGE a organisé un atelier d’enrichissement et de validation d’un rapport de collecte de données sur les enfants vulnérables fait par le consultant dans les provinces de Cankuzo, Kirundo, Makamba, Muyinga et Ruyigi ; l’objectif de cette collecte des données était de constituer une base de données sur les enfants vulnérables ou marginalisés à l’école fondamentale et en dehors du système éducatif. Le consultant a montré que l’enfant vulnérable est toute personne de moins de 18 ans exposée à des conditions de vie qui ne lui permettent pas de jouir de ses droits fondamentaux pour un développement harmonieux comme les enfants victimes de stigmatisation et de discrimination, enfants victimes de violence de violence, d’abus, d’exploitation et de négligence, enfant victimes des violences basées sur le genre , enfants privés de prise en charge familiale , enfant en situation précaire et enfants en conflit avec la loi.
Le consultant a montré la persistance de l’exclusion et de l’abandon scolaire, en dépit des efforts et des initiatives déployés pour assurer une scolarisation universelle, impose un diagnostic et une analyse en profondeur de la situation dans le but d’en comprendre les facteurs de non-scolarisation et de déscolarisation pour une prise en charge adéquate de tous les enfants en âge de scolarisation au Burundi, spécialement les enfants vulnérables et/ou marginalisés.
Dans la perspective d’appuyer l’Etat du Burundi dans sa politique éducative et pour envisager des alternatives pertinentes et efficaces, la Coalition BAFASHEBIGE, appuyée par le PME à travers son programme « Education à voix haute », a entrepris cette étude pour combler le déficit de données et améliorer la compréhension des barrières à une éducation universelle et inclusive des enfants âgés de 6 à 18 ans.
C’est à ce moment là que le consultant a montré les résultats qui donnent une estimation de 35563 enfants à risque d’abandon scolaire. Les filles (50,9%) et les garçons (49,1%) sont frappés par le phénomène presque dans les mêmes proportions. La pauvreté des ménages est par contre un facteur de déscolarisation important car 48,2% d’enfant sont indigents. La proportion importante d’enfants vulnérables (96,6%) vit en milieu rural.
D’autres données quantitatives sur les enfants en dehors de l’école proviennent de l’Enquête Démographique et Santé EDS 2016-2017. Le taux de déscolarisation augmente avec la tranche d’Age. Les enfants déscolarisés de 7-12 ans par rapport aux enfants en dehors de l’école de la tranche d’âge représentent 29,3%, ceux de 13-16 ans 79,9% et de 17-19ans 85,1%. Par contre, parmi les enfants jamais scolarisé, la proportion la plus importante se trouve parmi ceux de l’âge de scolarisation au primaire. La proportion d’enfants jamais scolarisés baisse quand on évolue dans les tranches d’âge : elle est de 70,7% pour les 7-12 ans, 20,1% pour les 13-16 et 14,9% pour les 17-19 ans.
Le consultant continuent à montrer que les principaux déterminants identifiés par l’étude qualitative concernant la déscolarisation et la non-scolarisation au Burundi, sont composés à la fois de facteurs externes et de facteurs internes au système éducatif. Il s’agit :
La pauvreté des ménages ;
Le chômage des diplômés de l’enseignement ;
La migration liée au travail des enfants ;
Le travail des enfants en milieu familial ;
La taille scolaire du ménage ;
Manque de moyen de transport ;
Le handicap des enfants ;
Ignorance des parents sur l’importance de la scolarisation ;
Les échecs scolaires répétitifs
La non-effectivité de la gratuité de l’éducation fondamentale ;
L’éloignement et l’indisponibilité des écoles complètes ;
La désaffection de l’école par l’enfant celle touche principalement les enfants de la 1ère et la 2ème année
L’absence de mécanismes de réinsertion des enfants jamais scolarisés de 12 à 16 ans principalement des enfants rapatriés ou déplacés ;
Les normes sociales liées au sexe de l’enfant (travaux domestiques, mariage précoce)
L’environnement scolaire de l’école, lié à la nature des infrastructures (insuffisance de toilettes séparées, absences de bancs pupitres) ;
La non insertion sur le marché du travail des diplômés ;
L’absence de mécanisme de réinsertion des enfants ayant déjà abandonné l’école
A partir des résultats donnés, le consultant a proposé une approche holistique et un partenariat synergique entre les institutions de l’Etat, la société civile, les organisations non gouvernementales, les agences des Nations Unies et les communautés sont indispensables pour lutter contre les facteurs qui sont à la base des abandons scolaires et la non scolarisation des enfants afin d’assurer l’éducation de base(Primaire) pour tous :
L’Etat devra mettre effectivement œuvre les décisions suivantes :(i) rendre l’éducation fondamentale obligatoire et gratuité, (ii)disponibilité des kits complets de fournitures scolaires pour les enfants issus des ménages très pauvres, (iii) adapter les infrastructures scolaires aux enfants handicapés, (iv) renforcer la protection des droits de l’enfant, (v)renforcer le programme d’alimentation scolaire, en partenariat avec ses partenaires, répondant ainsi aux attentes de la plupart des communautés ;
Les parties prenantes de l’éducation (ONG, Agences onusiennes) devraient prendre en compte tous les éléments susmentionnés pour redéfinir leurs stratégies d’intervention. Elles pourront, par exemple intensifier le plaidoyer et le lobbying en faveur de l’éducation pour tous. Elles pourront également organiser des campagnes de sensibilisation des parents sur l’importance de la scolarisation et contre la discrimination des filles et enfants handicapés, des séminaires pédagogiques et conférences en faveur des enseignants, donner l’assistance aux enfants vulnérables ;
Encourager les discussions communautaires ouvertes pour identifier les normes culturelles et les pratiques qui impactent négativement sur les orphelins et autres enfants vulnérables, et y apporter des solutions au bénéfice de ces enfants et de leurs familles ;
La société civile devrait impliquer les leaders communautaires dont l’influence est positivement reconnue par les communautés pour assurer le rôle important de canal de communication dans les activités de sensibilisation.